Avant toute chose, un grand merci à notre ami FRANCIS pour la présentation de notre banquet en photos ; Comme un papillon, il a survolé la salle de fleurs en fleurs et de tiges en tiges, chassant « le bourdon » fixant des expressions, des mimiques, des visages et des couples comme une poésie d’amour. Avec son nœud papillon et toutes ses photos, FRANCIS nous fait revivre le banquet, nos joies, nos émotions et le plaisir de retrouver cette amitié et fraternité Alembertine. Un petit regret, aucunes photos de notre ami ; je lance un appel à la fratrie pour nous faire parvenir quelques photos de Francis .
Maintenant, je passe à l’article de GUYLEM sur le Démocrate de l’Aisne, en 2015 j’avais envoyé un article sur ce travail aux techniques anciennes, N’AYANT ABSOLUMENT PAS INTÉRESSÉ LES AMIS TYPOGRAPHES ! Pour quelle raison ? En fouillant dans mon ordi j’ai retrouvé l’article, je vous le fait partager, le petit plaisir d’un ébéno !
REPORTAGE
Le dernier journal composé au plomb en Europe est français. Chaque semaine, Le Démocrate de l’Aisne est réalisé avec les techniques du début du 20e siècle. Un tirage modeste mais qui assure l’équilibre économique de cet hebdo papier, qui n’a surtout pas envie de se lancer dans le numérique
Ici tout le monde « fait » le journal
Car être journaliste, au Démocrate, c’est partir en reportage, écrire les articles, mais c’est aussi « faire » le journal. Au sens littéral du terme. « Je participe à la vie de l’atelier, je colle les bandes autour des journaux pour les abonnés, je fais les paquets pour l’expédition. Et je gère aussi les abonnements, les annonces légales… »
La « première » (page) du Démocrate de l’Aisne du 20 mars 2015. (Cyril Petit/JDD)
Le Démocrate de l’Aisne est l’un des 287 titres français de PHR (presse hebdomadaire régionale). Des titres, qui, sans avoir l’aura nationale des rédactions parisiennes ni les moyens des journaux de PQR, informent plus de 9 millions de lecteurs. Une fois par semaine. Diffusion moyenne de ces titres : 6.703 exemplaires, selon leur syndicat professionnel, le SPHR. Au Démocrate, on imprime chaque semaine un peu plus de 1.100 exemplaires. Composés au plomb!
Des métiers disparus
Si Le Démocrate est connu au-delà du canton, c’est parce qu’il est le dernier en Europe occidentale imprimé avec les techniques d’un autre siècle. Et trois métiers d’un autre temps : linotypiste, typographe et rotativiste. Alain Thiery, rotativiste à la retraite, exerce les deux dernières fonctions ; Julien Noiroux, 23 ans, la première. En apprentissage. « Mes amis ne comprennent pas quel métier je fais », sourit ce titulaire d’un BTS assistant de gestion, qui est capable de composer une page… par jour sur son Intertype de 1936. La discipline n’est plus enseignée dans aucune école depuis les années 1970. Les journaux composent désormais les pages en numérique.
Sauvé du dépôt de bilan en 1988 et en 1999, l’hebdomadaire est désormais géré par une association que préside Jacques Piraux, ancien de L’Aisne Nouvelle devenu directeur de la publication. Ses tracas sont bien particuliers : trouver du papier en grammage 48,8 et laize 88, alors que les autres journaux utilisent des laize 80 ; trouver du plomb (désormais recyclé), entretenir la rotative avec des chaudronniers ou des soudeurs à la retraite qui fabriquent les pièces à remplacer. Et espérer que le papier ne « casse » pas pendant le tirage. Sinon, c’est trois heures de retard et l’envoi postal du jeudi à 16 heures devient compromis.
La rotative Duplex de 1924. (Cyril Petit/JDD)
Dans cette vieille bâtisse de 1875, au chauffage aléatoire, à l’odeur de plomb enivrante et au doux ronron de la rotative, pas de datajournalistes, ni de factcheckers, ni de vidéastes, ni d’infographistes. « On ne passera pas par Internet. On croit beaucoup au papier. Rien ne remplace cette odeur, ces aspérités au toucher, cette sensualité », clame Jacques Piraux, journaliste depuis 1951.
Un chiffre d’affaires et des abonnés qui augmentent
Aujourd’hui, l’hebdomadaire est rentable. Son modèle économique : 950 abonnés (ceux qui habitent dans le coin et qui s’informent par Le Démocrate, ceux qui habitent loin, jusqu’aux Pays-Bas, mais qui viennent de Vervins, ceux qui veulent soutenir le projet) qui paient 26 euros par an ; quelques dizaines d’acheteurs au numéro qui paient 60 centimes à chaque fois ; les annonces légales qui occupent la page 4 ; les visites de groupes de l’imprimerie. « Nous avons clos le dernier exercice à plus de 180.000 euros contre 153.000 euros le précédent. Notre résultat était bénéficiaire de 23.000 euros l’an passé », se félicite le directeur de la publication, qui assure que le journal comptera bientôt plus de 1.000 abonnés.Pour début 2016, Jacques Piraux veut créer dans l’ancien bâtiment de la gendarmerie voisine, un musée départemental de la presse (avec des archives), de l’imprimerie (avec la production, vivante, du Démocrate) et de la mécanographie (avec 360 machines à écrire qu’il possède).
4 pages qui en valent 16
Mais Le Démocrate, ce n’est pas qu’un prétexte pour sauvegarder des techniques d’antan. « Nous sommes un journal avant tout », revendiquent ses 4 salariés. Un journal « laïc et républicain » qui traite d’infos départementales et nationales (en « première ») et locales (en 2 et 3). « J’ai calculé, il y a autant de textes dans nos 4 pages grand format (broadsheet comme L’Equipe) que dans 16 pages au format tabloïd (comme le JDD) », précise Jacques Piraux. « Je n’ai pas de calibrages imposés, j’écris mes textes en fonction de l’importance de l’information. On le met dans la page. Et on voit ce qu’il reste », complète Isabelle Nicolas.