Discours-hommage devant le monument aux morts de l’école

Mesdames et Messieurs les élus,

Monsieur le directeur d’Alembert,

Chers anciens et amis d’Alembert,

Chers ami(e)s

« Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, 

un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ».

Cette citation est du maréchal Foch. Elle me semble résumer parfaitement notre présence ce matin, dans la cour d’honneur de l’école d’Alembert, devant le monument aux morts, pour honorer nos copains disparus pour l’honneur de la Patrie.

C’est dans un wagon-restaurant aménagé, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, que le maréchal Foch accueillit les plénipotentiaires allemands le 11 novembre1918. L’armistice fut signé à
5 h 15, marquant la fin de la Première Guerre mondiale, qui avait duré plus de quatre années. Le cessez-le-feu fut effectif à 11 heures, entraînant dans l’ensemble de la France des volées de cloches et des sonneries de clairons, annonçant la fin d’une guerre qui a fait plus de 18 millions de morts, des millions d’invalides ou de mutilés.

C’était la fin d’une atrocité, résumée ici en quelques chiffres : 150 hommes morts toutes les 7 minutes et demie, soit 1.200 hommes par heure, 28.800 morts par jour pendant 1.550 jours. Ceci représente deux Hiroshima par semaine et cela durant 220 semaines. Quel gâchis ! C’est près de la moitié des 70 millions d’hommes (et de femmes) mobilisé(e)s durant cette Grande Guerre qui ont été touchés.

Il y a quatre-vingt-onze ans, au petit matin du 28 janvier 1921, dans un silence qui incarnait à lui seul le deuil de tout un peuple, le Soldat inconnu était inhumé sous l’Arc de Triomphe. La République consacrait le monument élevé́ aux victoires de la Révolution et de l’Empire à la dépouille d’un simple soldat tombé au cours du conflit le plus meurtrier de toute notre Histoire. L’ampleur de cet événement de l’Histoire de France s’inscrivait dès lors dans l’éternité́.

A travers lui, ce soldat inconnu tombé au champ d’honneur, la France rendait donc hommage à tous ceux qui – comme lui – avaient sacrifié leur vie sur tous les champs de batailles de la Grande Guerre.

Chaque jour, le ravivage de la « Flamme du Souvenir » est là pour perpétuer cet hommage et rappeler l’immensité́, aujourd’hui, presque inconcevable du sacrifice.

La disparition du dernier combattant du Premier conflit mondial, le
12 mars 2008, et la perspective des manifestations qui commémoreront dans peu d’années le centenaire de la Grande Guerre, impliquent de faire évoluer la portée symbolique de la journée nationale du
11 novembre.

Au fil du temps, les morts de la Seconde Guerre mondiale, d’Indochine et d’Afrique du Nord furent à leur tour honorés sous l’Arc de Triomphe. Le 11 novembre, aujourd’hui, est devenu LA journée consacrée au souvenir des soldats tombés au cours de toutes ces guerres, lors du siècle dernier.

La pérennité́ du culte qui est rendu quotidiennement sur la place de l’Etoile au souvenir du Soldat inconnu, incarnation même du sacrifice du combattant, permet d’établir une filiation directe entre les différentes générations du feu. C’est le même sang, celui d’un même peuple qui a été́, à chaque fois, versé pour la France et ses valeurs.

Que nos soldats soient nés sur le sol de notre pays ou aux confins de nos anciennes colonies, ils sont les enfants d’une même France, les soldats d’une même République à laquelle ils ont fait le don ultime, ce don sur lequel personne ne peut jamais revenir, celui de leur vie.

Ces vies ont été́ données pour que la France demeure et pour que la République perdure. Quel que soit le lieu, quel que soit le moment de notre Histoire, ce don est sacré et il mérite le même hommage, la même reconnaissance, la même ferveur. La mort au service de la France ne fait pas de différence. Le champ d’honneur est de toutes les guerres et de tous les conflits qui ont impliqué́ notre pays.

C’est pour cette raison que, désormais, chaque 11 novembre, tous ceux et toutes celles qui ont donné́ leur vie pour la France, que ce soit pour la défense de la Patrie ou lors des opérations extérieures auxquelles notre pays participe, doivent également être associés à cet hommage solennel de la Nation.

Car trop de commémorations tuent les commémorations. Nous devons pérenniser le devoir de mémoire et transmettre ce flambeau aux générations futures, à une date qui a marqué́ pour toujours l’Histoire de France. Il est impératif que celle-ci reste près de 100 ans après, un jour de recueillement et de reconnaissance pour tous nos soldats tombés au champ d’honneur.

Aujourd’hui, en ce début de XXIe siècle, nos troupes sont engagées en Afrique, au Proche-Orient, en Afghanistan et des soldats continuent à tomber sous le drapeau français pour que notre drapeau, lui, jamais ne choit.

Partout dans le monde, des femmes, des hommes, des enfants et des vieillards continuent de mourir, parce que de vils intérêts se développent et, in fine, la sagesse et la solidarité ne sont pas (ne sont plus) suffisamment exaltées.

Pour tout ceci, je crois fermement que ce 11 novembre n’est pas la fin d’une guerre mais la fête de la paix. Ne versons pas dans le dogme sans lendemain, d’une émotion certes partagée mais éphémère, d’un rite obligé.

Notre dignité nous impose de leur offrir cette victoire qu’ils n’ont pas eue. Cette victoire c’est celle d’une paix universelle. Une paix universelle qui s’appuierait sur nos valeurs républicaines. Valeurs qui ont été les leurs et sont (et resterons) ad vitam aeternam les nôtres : Liberté, Egalité, Fraternité.

Guylem Gohory (président des anciens d’Alembert)

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